PNUD : un rapport pour rien ? En axant leur rapport annuel « Au-delà de la pénurie : Pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau » sur le thème de l'accès à l'eau et à l'assainissement, les experts du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) ont choisi de placer l'eau au c'ur des stratégies de réduction de l'extrême pauvreté. Car comme le constatent les auteurs de ce document, « l'absence d'accès à l'eau potable est un euphémisme pour désigner une pauvreté profonde ». Et plus on est pauvre, plus on paie l'eau cher. Ce sont bien les habitants des bidonvilles qui paient leur eau à des prix parmi les plus élevés au monde. Dans certains pays, au Salvador, au Nicaragua ou en Jamaïque, les ménages les plus pauvres consacrent ainsi plus de 10 % de leurs revenus à l'eau, alors qu'en Europe, le fait de dépenser plus de 3 % de ses revenus pour l'approvisionnement en eau est considéré comme le signe d'une difficulté économique. Au passage, le rapport du PNUD dénonce un certain nombre de faux débats, parmi lesquels celui de l'approvisionnement par le secteur public ou privé qui, selon les auteurs, « détourne l'attention de l'incapacité des prestataires de services de distribution d'eau, tant publics que privés, à remédier au déficit mondial de l'accès à l'eau ». Pour les experts, le pragmatisme doit prévaloir. Il existe une large palette d'approches politiques et financières qui permettent d'assurer une alimentation durable en eau potable à un coût acceptable. La plupart de celles qui ont fait leurs preuves sur le terrain font appel à une combinaison d'interventions émanant du public et du privé. Pour sortir de la crise de l'eau et de l'assainissement dans le monde, qui souffre selon les auteurs du rapport « d'un excédent de conférences et d'un manque d'action crédible », il faut s'attacher à faire de l'accès à l'eau un droit de l'homme, privilégier les stratégies nationales et augmenter l'aide internationale. Mais le PNUD préconise également la mise en ?uvre d'un plan mondial pour résoudre la crise. Car comme l'expliquent les experts, les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont intimement liés entre eux. Ce qui signifie que si les objectifs relatifs à l'eau et à l'assainissement ne sont pas atteints, c'est l'espoir même de réaliser les sept autres objectifs qui diminuera rapidement. Pour mettre en oeuvre ce plan, le PNUD en appelle directement aux pays du G8. Car bien qu'il dénonce la faiblesse de la mobilisation des pays riches et l'absence de volonté politique pour la mise en oeuvre du plan d'action pour l'eau décidé en 2003 au sommet d'Evian, le PNUD estime que c'est à eux qu'il «incombe de concentrer les efforts internationaux épars visant à mobiliser des ressources et à dynamiser l'action politique ». Ce plan nécessitera l'engagement de plus de 10 milliards de dollars par an, chiffre avancé par les experts pour atteindre les objectifs du millénaire relatifs à l'eau et à l'assainissement qui doivent réduire de moitié d'ici 2015 la proportion d'individus n'ayant pas accès à l'eau et à l'assainissement. Un chiffre qui peut paraître important, mais qui replacé dans son contexte, ne représente que « moins de la moitié des dépenses annuelles en eau minérale des pays riches » prennent soin de préciser les auteurs du rapport. Retour donc à la case départ avec cette éternelle question : comment trouver les financements nécessaires à l'atteinte des OMD et que faire pour les exclus de l'eau, ceux qui appartiennent à la moitié restante, celle dont l'espoir d'un accès à l'eau est si improbable qu'il ne figure même pas au rang d'un quelconque objectif.